Un grand cheval nordique gris, ayant huit jambes. Peut-être l’un des êtres les plus majestueux de la mythologie nordique. Pouvant traverser les mondes, les enfers, il est le fruit de l’union entre Loki « Loptr, Hveðrungr ou Loge dans la tétralogie de Wagner », déguisé en jument et Svadilfari, un puissant étalon. Sleipnir se distingue par son apparence unique et ses capacités surnaturelles. Il peut grâce à sa vitesse phénoménale, voyager entre les divers mondes de la mythologie nordique en un éclair. Les huit jambes de ce dernier, symbolisent l’infini ainsi que l’équilibre universel, faisant de lui une monture essentielle pour Odin. Fidèle à Odin, cette créature de la mythologie nordique, incarne force et rapidité entre les royaumes de ces légendes vikings. Il est un acteur à travers divers récits guerriers, dont les voyages d’Odin à travers les neuf mondes et les événements cataclysmiques du Ragnarök, symboles nordiques de résilience, de continuité.
Quelle est l’origine de Sleipnir ?
La genèse nordique du cheval d’Odin
Il est une monture des plus remarquables de la mythologie nordique. Selon les Eddas, les anciens textes poétiques islandais, un cheval gris doté de huit jambes. Capable de parcourir les cieux, les enfers avec une rapidité inégalée. Signifiant « glisseur » ou « celui qui glisse », l’origine étymologique de son nom reflète d’une certaine manière sa capacité à se mouvoir sans difficulté entre les différents mondes de la mythologie nordique. Sleipnir trouve ses origines à travers une histoire dans laquelle les dieux, les géants et les créatures mythiques se côtoient. Le plus célèbre des chevaux est souvent associé au dieu principal du panthéon nordique, Odin. Odin peut-être représenté chevauchant Sleipnir à travers des combats vikings. La naissance du cheval est un récit de création et une démonstration sur l’ingéniosité et la puissance des dieux du royaume d’Asgard.
Le rôle de Loki dans la naissance de Sleipnir
Loge, le dieu viking de la malice, du chaos, joue dans cette mythologie viking un rôle crucial dans la naissance de ce cheval. Selon la mythologie, les Ases avaient engagé un géant pour construire les murs d’Asgard, « Ásgarðr : » enceinte des Ases », la demeure des dieux « aesir, ásafólk, ása ættir » en échange de la main de la déesse Freyja, ainsi que du soleil et de la lune. Pour éviter de payer ce prix exorbitant, les Ases firent appel au malicieux pour trouver une solution. Loki, un dieu connu chez les Vikings pour ses astuces, ses transformations, se métamorphosa en une jument pour séduire Svadilfari, le puissant étalon du géant. Leur union donna naissance à ce dernier, un destrier viking exceptionnel avec huit pattes. Cette naissance inattendue permit aux Ases de rompre leur contrat avec le géant bâtisseur, sans subir les conséquences du poseur de pierres.
Svadilfari, le cheval nordique et les circonstances de sa conception
Svadilfari, ou « Svaðilfori, Svaðilfǫri dans les manuscrits », « signifiant celui qui fait de pénibles voyages » selon Régis Boyer et François-Xavier Dillmann » ou « celui qui fait de malheureux voyages » est décrit comme un étalon puissant et déterminé, ce cheval assistait son maître dans la construction des murs d’Asgard. Cette tâche d’importance semblait impossible à accomplir dans les délais, mais grâce à l’incroyable force, à l’endurance du cheval Svadilfari, le géant maître-bâtisseur progressait rapidement. La ruse de Loptr, sous forme de jument, détourna l’étalon de sa mission. Attirant l’étalon loin de son puissant maître, Loki permit de ralentir la construction, donnant aux dieux d’Asgard une excuse afin de ne pas honorer leur promesse. De cette union improbable entre le dieu Loki, sous sa forme de jument et le cheval, naquit le plus célèbre des chevaux des légendes et récits vikings.
Quels sont les attributs et capacités de Sleipnir ?
Description physique et particularités
Bien que le peintre, illustrateur et aquafortiste danois Lorenz Frølich fut une représentation de Sleipnir avec quatre pattes, ce dernier est davantage décrit et représenté avec à ses huit pattes, un attribut qui le distingue des autres chevaux de la mythologie nordique. Ces huit membres lui confèrent non seulement une apparence singulière, mais aussi une rapidité et une agilité inégalée. Cette monture viking est décrite au sein des manuscrits Islandais comme un cheval de grande taille gris, « une couleur symbolisant la sagesse, le mystère dans les anciennes traditions nordiques » très musclé ayant une allure majestueuse et imposante, pouvant supporter les poids, les efforts qui seraient impossibles pour un cheval ordinaire. En tant que monture d’Odin, cet équidé viking est aussi représenté d’une selle, de rênes d’apparence divine ornées de motifs, de symboles qui renforcent son allure et sa sagesse.
Les pouvoirs surnaturels de Sleipnir
Sleipnir ne se différencie pas uniquement par son exceptionnelle apparence physique, mais aussi par ses capacités surnaturelles. Sa vitesse phénoménale figure parmi ses pouvoirs les plus remarquables. Il est en effet capable de parcourir les mondes en un éclair. Aucun endroit n’est hors de portée pour cette créature viking. En partant d’Asgard, de Midgard « le monde des humains » ou de Helheim le royaume des morts, gouverné par Hel, la sœur de Fenrir et de Jörmungand et fille de Loki et la géante Angrboda. Cette vitesse lui permet de servir Odin durant ses voyages entre les royaumes du monde nordique, lui assurant un lien entre le monde des dieux et celui des mortels. Ce don de déplacement multidimensionnel le rend essentiel pour Odin, utilisant ce pouvoir pour maintenir l’ordre, l’équilibre dans le monde viking.
Symbolisme des huit jambes dans cette mythologie
Souvent associé à l’infini dans de nombreuses mythologies, le chiffre huit est le symbole de l’équilibre universel. Les nombreuses pattes de Sleipnir peuvent en être sa métaphore, elles ne sont pas simplement une curiosité anatomique, mais également une allégorie chargée de représenter sa capacité à transcender les simples limites physiques, à symboliser l’union entre différents royaumes et réalités de la vie de la cosmologie viking. L’allégorie que dégage Sleipnir est renforcée par l’attribution de ce dernier, servant de monture au dieu Odin. En tant que dieu d’importance dans le panthéon nordique et de ses guerriers, Odin incarne la sagesse, la guerre et la magie. Son cheval à nombreuses pattes devient d’une certaine manière une extension de ses immenses pouvoirs, de son influence, de sa protection, unissant les forces de la vie, de la mort, de l’ordre et du chaos dans un éternel combat et recommencement.
Quel rôle joue Sleipnir dans les mythes et légendes ?
Les voyages d’Odin avec Sleipnir
Comme évoqué précédemment, Sleipnir est le compagnon fidèle dans la vie d’Odin. Dans de nombreux récits mythologiques, le roi des chevaux facilite les voyages d’Odin à travers les neuf mondes vikings, en partant d’Asgard. Ces voyages permettent à Odin de maintenir la surveillance sur les divers royaumes, de recueillir la sagesse nécessaire pour régner efficacement. Sleipnir apparait dans un des récits les plus célèbres, celui étant où Odin chevauche Sleipnir pour rejoindre Jötunheim, « le royaume des géants », pour consulter le très sage géant Vafthrudnir, pour le questionner sur son fameux savoir en le défiant par un jeu de questions dans lequel Vafthrudnir « Vafþrúðnir » met sa tête en gage et finit par trouver la mort. Ou encore le voyage vers Hel : Odin chevauche Sleipnir pour se rendre au royaume des morts, pour interroger une voyante sur les rêves prophétiques de son fils Baldr.
Le rôle de Sleipnir dans le combat de la fin
Sa robustesse et sa rapidité, sont essentielles afin de mener le dieu Odin au champ de bataille, où les dieux nordiques comme le dieu Vidar, Thor, Freyr, Baldr, Heimdall, ou encore le dieu Loki, les géants et la quasi-totalité des hommes et guerriers s’affrontent dans ce combat pour le destin de l’univers. Dans cette terrible et ultime bataille nordique, Sleipnir symbolise la résilience, la détermination des dieux à la vie face à la destruction inévitable. Durant ces terribles événements, la belle des créatures joua un rôle crucial face à cette apocalypse, la fin prophétisée du monde viking. Lors de ces événements cataclysmiques, Sleipnir est porteur d’Odin dans la bataille finale contre les forces du chaos. Comprenant un hiver de trois années sans soleil appelé « Fimbulvetr » ou « le grand hiver ». Puis suivi d’une immense bataille sur la plaine de Vígríd, « Óskópnir » le champ de bataille de cent lieues.
Autres récits et mentions dans les Eddas
En dehors des mentions de Sleipnir au sein du Ragnarök, cette créature de la mythologie viking est citée dans plusieurs passages de l’Edda poétique. Par exemple la valkyrie Sigrdrífa raconte dans les Dits de Sigrdrífa ou « Sigrdrífumál », à son élève Sigurd « Sigurðr, Siegfried » les secrets de la magie et des runes, que ces dernières doivent être coupées en utilisant les dents de Sleipnir et sur sa sangle striée, puis cite 24 emplacements dans lesquels l’on peut trouver des runes gravées, « étant sur les dents de Sleipnir ». Ou encore dans le poème Grímnismál « Les dits de Grímnir » Odin est déguisé et en cachant sa véritable identité sous le nom de Grimnir raconte à un jeune garçon nommé Agnar que Sleipnir est le meilleur de tous les chevaux « Odin est le plus grand des Ases, Sleipnir le plus grand des chevaux ».
Le roi des chevaux est ainsi le fruit de l’ingéniosité du dieu Loki et l’union avec Svadilfari. Il a pu par ailleurs symboliser pour les Vikings, la complexité des interactions entre dieux, créatures mythologiques. Soulignant la puissance et sagesse de ce cheval, ce récit met en perspective l’importance de la ruse et l’habileté dans la vie et les légendes nordiques. Avec ses huit jambes, symboles de ses capacités surnaturelles, ce cheval Viking incarne parfaitement l’union entre les mondes et les réalités nordiques des Vikings. Sa vitesse et sa puissance en font un allié indispensable pour la vie d’Odin, renforçant l’équilibre cosmique et le lien entre le divin et le terrestre dans la mythologie Viking. Sleipnir le cheval, fidèle compagnon d’Odin, joue un rôle central dans les mythes nordiques, symbolisant la sagesse et la résilience. Ses voyages et interventions, notamment lors du Ragnarök, montrent son importance dans le maintien de l’ordre universel du monde. Sa présence constante dans les Eddas en fait une figure emblématique et durable.