Connu également comme le Serpent de Midgard, Jörmungand, est l’un des dangereux enfants de Loki et de Angrboda la géante. Leur union donna vie à trois maléfiques êtres, destinés à jouer une histoire dans le Ragnarök. Né à Jötunheim, Jörmungand est rapidement devenu une menace pour les neuf mondes mythologiques. Les confrontations entre Thor et Jörmungand sont parmi les plus épiques de la mythologie nordique, Ásatrúar. Dans « Gylfaginning », Thor rencontre le serpent déguisé en chat. La célèbre partie de pêche avec Hymir révèle la force de Thor face au serpent Jörmungand. Le combat final au Ragnarök, scelle leurs destins tragiques. Le men storðar « collier du monde » incarne dans cette mythologie, le chaos et les forces destructrices. Symbole métaphorique de la destruction et du renouveau, il joue une fonction clé dans le crépuscule des divinités, marquant la fin et le début d’un cycle cosmique. Les kennings poétiques enrichissent cette symbolique mythologique.
Les origines mythiques de Jörmungand
La parenté avec Loki « Loptr » et Angrboda
Il est le fruit de l’union de Loptr, divinité Ase de la malice, avec la géante de glace Angrboda dont le nom signifie « celle qui annonce les malheurs, » incarne parfaitement le présage sombre qu’elle porte avec ses trois terribles enfants. Jörmungand ou encore le Serpent de Midgard est l’un des quatre montres étant peut-être le plus terribles. Outre la naissance du monstre de mer Jörmungand, cette relation entre Loki et Angrboda, la géante nordique vivant à Jötunheim résultera à deux autres progénitures, dont le loup gigantesque Fenrir, la déesse des morts Hel. D’après les textes eddiques, les textes de l’Edda poétique de Snorri Sturluson, ces trois maléfiques êtres mythologiques sont destinés à être en première ligne dans le Ragnarök, un événement central dans l’ancienne culture scandinave et viking. Un conflit, une terrible bataille dans laquelle s’affronteront les jötnar, les divinités de Vanaheim et d’Asgard, dirigés par Odin, le père de toute chose.
La naissance et la jeunesse à Jötunheim
Cette créature naît à Jötunheim, le royaume des géants nordiques, un lieu sauvage et redouté par les humains et les dieux. Dès sa naissance, le serpent se distingue par sa taille immense et sa voracité. Sa croissance rapide et incontrôlable fait de lui une menace évidente pour l’équilibre des neuf mondes de la mythologie nordique, Ásatrúar. Le séjour de Jörmungand à Jötunheim est marqué par son adaptation à l’environnement hostile et rude des géants « jötunn ou encore jötnar » en vieux norrois. Il apprend à survivre et à utiliser sa force prodigieuse, se préparant inconsciemment pour sa fonction à venir dans le crépuscule des divinités d’Asgard, notamment face à Thor. Fenrir, le redoutable loup gigantesque, incarne une autre menace majeure pour les dieux, renforçant ainsi l’idée d’un destin inévitable, où plusieurs puissances destructrices convergent vers l’apocalypse. La mythologie décrit souvent Jötunheim comme un lieu où les lois de la nature sont poussées à leurs extrêmes, ce qui façonne profondément les créatures qui y vivent.
Le jet dans l’océan par le dieu nordique Odin
La menace dépeint par Jörmungandr le monstre géant des mers, ne passa pas sans être contestée auprès des dieux d’Asgard et de Vanaheim. Du fait de sa détermination à maintenir l’ordre des neuf mondes, Odin, le père de toutes choses, utilisa son savoir sur les terribles conséquences de la présence du stirðþinull storðar « corde rigide du monde » en capturant ce dernier et en le jetant dans l’océan qui entoure Midgard, la terre des humains, afin d’éviter un désastre. Loin de neutraliser la menace, ce geste permit au descendant de Loki de grandir encore davantage, au point de pouvoir encercler la terre et se mordre la queue. Cet acte de projection dans l’océan est lourd de conséquences, car il prépara le terrain pour les événements cataclysmiques du Ragnarök qui subviendra des années après.
Les confrontations épiques avec Thor
Le combat du château d’Útgarða-Loki
Dans le poème nordique Gylfaginning « La Tromperie de Gylfi », une des premières rencontres entre Thor et la créature des mers se déroula dans le royaume des jötnar à « Jötunheim ».Plus précisément dans l’imposante forteresse en blocs de neige et de glaçons scintillants du géant Útgarða-Loki « Utgarda-Loki, Útgardaloki, Utgard-Loki ou Utgardloki ». Thor, l’un des dieux les plus connus pour les vikings et fils de Odin, arriva dans la forteresse accompagnée du dieu Loptr et de plusieurs autres compagnons. Ce dernier est mis au défi par le géant afin de prouver sa force à travers plusieurs épreuves. Dans l’une de ces épreuves, Thor devait soulever un félin gris, qui s’avère être finalement le descendant de Loki déguisé. Malgré sa force titanesque, Thor ne parvient qu’à soulever une patte du « chat ». Útgarða-Loki révéla plus tard la véritable identité du chat, montrant ainsi l’énorme puissance de Thor pour avoir soulevé ne serait-ce qu’une partie du serpent de Midgard.
La fameuse partie de pêche
La partie de pêche avec le géant Hymir est dans la mythologie nordique la plus célèbre des confrontations entre Thor et Jörmungandr. Déterminé à capturer le serpent géant de Midgard, Thor, le fils du père de toute chose Odin, utilisa la tête d’un bœuf afin d’attrirer à lui la monstruosité des mers et des océans. Après un long moment à attendre, Jörmungandr mord à l’hameçon, et un combat épique s’ensuit. Thor tire de toutes ses forces pour sortir le descendant de Loki de l’eau. Mais, Jörmungandr réussit à fuir dans l’océan à cause de Hymir qui coupa la ligne en prenant peur, bien que le dieu Thor s’apprêtât avec son marteau à quasiment tuer Jörmungandr. Représentant les puissances stabilisatrices de l’univers face à la menace incarnée par Jörmungandr, cette métaphore du conflit entre ordre et anarchie peut d’ailleurs être comparable à la genèse de Ymir et sa progéniture lors de la création du monde, orchestrée par les dieux nordiques.
L’affrontement final au Ragnarök
La décisive confrontation entre le dieu nordique du tonnerre et Jörmungand, le serpent de Midgard, se déroulera pendant le Ragnarök, un événement central dans la culture des anciens Scandinaves et des Vikings. Ce monstre sortira des océans, créant des tsunamis, des catastrophes climatiques. Thor et le fils de Loptr s’engageront dans un conflit titanesque. Après un duel acharné, Thor réussira finalement à abattre la créature avec son marteau. Cependant, ce dernier ne survivra pas à cette bataille, succombant au poison mortel du serpent peu après avoir infligé le coup fatal. Dans le poème eddique de Snorri Sturluson, Jörmungandr est décrit à la strophe 50 de Völuspá, « saisi de la fureur des géants » et fouettant les vagues. Son conflit envers le dieu Thor est décrit à la strophe 56. « Thor tue Jörmungandr pendant la bataille, mais périt à son tour après neuf pas. » Cet évènement est également décrit dans la Gylfaginning.
La symbolique de Jörmungand dans la mythologie Ásatrúar
Le serpent comme incarnation du désordre cosmique
Dans la mythologie nordique ou dite Ásatrúar, Jörmungand, le frère de Fenrir, est perçu comme l’incarnation de l’anarchie. Encerclant le monde de Midgard, en se mordant la queue, il symbolise une force incontrôlable qui menace l’ordre établi des dieux nordiques. Il représente les forces primordiales et destructrices qui existent en dehors des limites de la civilisation et de la divinité. Cette symbolique du désordre est renforcée par sa parenté avec l’enfant du géant Farbauti « celui qui frappe dangereusement » et de Laufey ainsi que ses actes prophétisés durant le Ragnarök, dans lequel il est acteur d’une histoire majeure dans la destruction du monde viking. En dépit de sa nature destructrice, il est une composante essentielle au cycle de la vie, montrant l’idée que l’anarchie, l’ordre sont liés, le tumulte que Jörmungand incarne est un élément de l’équilibre entre création et destruction.
La représentation de la destruction et du renouveau
L’immense créature des mers est également un puissant symbole de destruction et de renouveau. Sa libération des profondeurs de l’océan entraîne des catastrophes climatiques, annonçant la fin d’un cycle cosmique par le commencement du crépuscule des divinités. Cette destruction, une fin, mais aussi un prélude à la création d’un nouveau monde, en quelque sorte la création par la destruction inévitable. La mort de Jörmungand par Thor, suivie de la sienne à cause du venin du serpent, incarne ce processus de renouveau. Fenrir participe également à cette destinée apocalyptique, renforçant le thème de la destruction nécessaire à la renaissance. Ces manifestations représentent la destruction du monde ancien pour permettre la naissance d’un nouveau plus harmonieux. Ce cycle de destruction, de renouveau incarné par le fils de Loptr est une thématique centrale dans cette mythologie, illustrant les concepts de mort et de renaissance, et l’idée que la fin d’une ère pave la voie à un nouveau commencement.
Les Kennings et autres symboles littéraires nordiques
Les kennings, figures de style poétiques utilisées dans la littérature scaldique, jouent un rôle dans la représentation de Jörmungandr. Ces métaphores élaborées enrichissent la compréhension métaphorique du descendant du dieu Loptr. Par exemple, le fils de Loki est souvent désigné par des kennings tels que « le collier du monde » ou « la corde rigide du monde », cristallisant sa fonction, et sa puissance contraignante sur Midgard, la terre des hommes. Ces expressions littéraires permettent de saisir la complexité de Jörmungand au-delà de sa simple représentation physique. Les kennings et autres symboles littéraires aident à transmettre les idées profondes de la mythologie nordique ou dite viking. Ils mettent en lumière les aspects symboliques et philosophiques du serpent de Midgard. Ils permettent aux poètes scaldiques de tisser des récits riches en significations et de rendre hommage à la nature multifacette de Jörmungandr.
Ainsi, l’hideux serpent de mer Jörmungand, illustre la menace ultime dans la mythologie nordique. Son histoire, marquée par une naissance prodigieuse et un destin lié au Ragnarök, met en perspective la lutte éternelle entre ordre et chaos, où chaque action divine prépare le terrain pour des événements cataclysmiques inévitables. Les confrontations entre Thor et Jörmungandr enrichissent les métaphores humaines sur l’éternelle lutte entre l’ordre et le désordre. Ces batailles, de la ruse à Útgarða-Loki à la pêche avec Hymir, culminent au crépuscule des divinités d’Asgard. Leur affrontement final scelle leurs destins, symbolisant la fin et le renouveau du cosmos. Par sa nature destructrice et régénératrice, il illustre la dualité de l’anarchie et de l’ordre dans la mythologie Ásatrúar. Ses représentations littéraires et poétiques, riches en symbolisme, renforcent sa place centrale dans l’équilibre cosmique, rendant hommage à son rôle complexe et incontournable dans les récits mythologiques Ásatrúars ou récits eddiques.